Édouard MAHÉ naît à Rennes, en 1905. Malgré des problèmes de santé liés à une malformation cardiaque, il se montre brillant élève au cours de ses études secondaires au lycée. Comme ses parents, il aurait pu faire instituteur, mais doué pour le dessin, il choisit un métier artistique, celui de peintre.
Il commence ses études à Rennes, y organise ses premières expositions. Durant cette période, trois toiles font sa notoriété dans les salons nationaux : "Les Oeufs", achetée par l'État ;" La Vierge de faïence", acquise par la Ville de Rennes et "Le Portrait de ma grand-mère", donnée à la ville de Retiers.
Riche de sa formation aux Beaux-Arts de Rennes, puis à l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, il pratique la gravure sur bois, enseignées par Jeanne MALIVEL (cf. Vues du vieux Rennes) ; la peinture (huile et gouache) et le fusain (cf. les cartons des vitraux de l'église du Theil de Bretagne). Edouard MAHÉ fait partie du mouvement d'artistes bretons de l'entre-de-guerre, Seiz Breur.
Il exposera dans les galeries et les salons les plus en vue de cette époque, réalisera des fresques pour des demeures de notables ou pour des églises. Il recevra les éloges de nombreux critiques qui classeront son art dans le mouvement du post-fauvisme de par la richesse des couleurs de ses portraits, de ses paysages et de ses natures mortes, en particulier de ses bouquets qui lui vaudront le surnom de « peintre des fleurs ».
C’est en 1948 qu’il s'installera définitivement à Retiers, berceau de sa famille paternelle, dans la propriété de son cousin Henri MAHÉ qu’il achètera et baptisera ''Champlaisir''. Il y trouvera beaucoup d'inspiration et y décèdera en 1992 après soixante-sept années passées au service de la peinture.
Le legs de la famille de l’artiste à la Commune
La Commune de Retiers s’est vu offrir en 2018 la propriété du peintre Edouard MAHÉ (1905-1992) avec comme condition la préservation de son atelier et l’ouverture de la maison et des collections à des fins sociales et culturelles. Cette propriété située en cœur de ville que l’artiste avait baptisée «Champlaisir» se compose d’une maison et de divers bâtiments attenants (dépendances, atelier, serre) au milieu d’un parc. Pour amorcer le projet, la Commune a initié une démarche partenariale avec les associations locales comme Culture Pour Tous, Association Restérienne pour la Conservation du Patrimoine Local, L’Outil en main et s’est appuyée sur l’expertise de Restériens compétents et de professionnels extérieurs (architectes, historien de l’art et commissaire-priseur).
Première étape : la sauvegarde de la propriété
La mise en sécurité des accès et des bâtiments a entamé le vaste chantier participatif.
Au programme : réaliser les travaux d’étanchéité, assainir la maison, changer les portes et les fenêtres, nettoyer le parc, restaurer le mur d’enceinte, démarrer la prise en charge et la conservation préventive des œuvres…
Susciter l’appropriation citoyenne
Tout comme son cousin Henri MAHÉ, peintre et décorateur, ami de l’écrivain CÉLINE et du photographe DOISNEAU, Édouard MAHÉ a aimé vivre dans cette maison, peindre les fleurs de son jardin, les paysages autour de Retiers. Quoi de plus logique que de vouloir garder un peu de sa présence ici et partager son goût pour le lieu avec les habitants, les visiteurs de passage qui pourront redécouvrir l’artiste et s’approprier à leur tour cet écrin ?
A voir
L'émission "Bonjour Bretagne" de Tébéo & Tébésud a consacré une de ses capsules vidéo "La Minute Patrimoine" à Champlaisir.
Vous pourrez découvrir des images inédites de la propriété d'Édouard MAHÉ: le parc et quelques pièces intérieures dont l'atelier du peintre.
Créé à la demande de Mr André ÉGU alors maire de Retiers et approuvé par le conseil municipal, le musée de l’artiste peintre Edouard MAHÉ est inauguré le 4 juin 1988 par le ministre Pierre MÉHAIGNERIE.
L’artiste fait don d’une soixantaine d’œuvres : peintures sur toile et sur bois mais aussi trois gravures sur bois représentant des quartiers de la ville de Rennes ainsi que les cartons, magnifiques fusains à l’échelle 1, des vitraux de l’église du Theil-de-Bretagne.
Cette collection a été enrichie d’un tableau acheté par la ville de Retiers, "L’église de Retiers" peint de la fenêtre de sa mère, d’un portrait de sa grand-mère (don de la "Maison des Arts" aux Antilles françaises) et de nombreux dons de particuliers.
Sont aussi stockés et archivés au musée, les peintures, dessins, études, articles de journaux, documents … retrouvés dans la propriété de l’artiste.
Base documentaire des œuvres d'Edouard Mahé
Cliquez sur les images pour en savoir plus
Henri MAHÉ , né le 17 juillet 1907 à Paris de parents bretons et mort le 20 juin 1975 à New-York, est un peintre, décorateur et réalisateur français.
Il a peint, entre autres, des fresques au Moulin Rouge, à Paris, dans les années 1950. Le peintre décorateur a des racines à Retiers, où des esquisses furent composées.
En 1924, il entre aux Beaux-Arts à Paris à l’atelier Ernest LAURENT, rejoint par son cousin Édouard, après des études aux Beaux-Arts de Rennes.
Dans les années 1930, pendant qu’Édouard MAHÉ revient à Rennes et peint chez sa grand-mère, à Retiers, Henri, plus fantaisiste et surtout très talentueux, s’installe à Montmartre. Il vit sur une péniche baptisée La Malamoa, amarrée sur la Seine.
Parmi ses nombreuses fréquentations, il faut citer l’écrivain Louis-Ferdinand CÉLINE. Fasciné par la vie de bohème d’Henri, CÉLINE en fera un des personnages de son premier roman Voyage au bout de la nuit, qui obtint le Prix Renaudot.
Henri décorera les hauts lieux du monde du spectacle parisien, dont les décors du cinéma Rex, en 1932. Cabarets, cirques, maisons closes, paquebots, restaurants du monde entier seront ses lieux de travail. Lié d’amitié avec Jo FRANCE, le propriétaire du Bal à Jo, il a fait la décoration du Balajo en 1936 qui devient un lieu incontournable des nuits parisiennes. Les fresques d’Henri MAHÉ ont été conservées.
Après la Seconde Guerre mondiale, Henri quitte la vie parisienne pour vivre sur un bateau et sillonner la Bretagne. Avec son épouse, il s’installe à Quimper en 1944. Il aura deux filles, Marine et Annaïck.
En 1950, Jo FRANCE, propriétaire du Moulin Rouge, fait appel à Henri pour y entreprendre de gros travaux de rénovation. Il était l’un des peintres décorateurs le plus en vogue de l’époque.
Les esquisses de ces décors seront composées à Retiers, dans la propriété familiale de Champlaisir.
Les travaux de rénovation du Moulin Rouge seront inaugurés en 1953 par le président Vincent AURIOL, avec, pour une première sur scène européenne, Bing CROSBY. 1 200 artistes du monde entier ont fait le déplacement, dont Joséphine BAKER. Les fresques ravient encore les visiteurs aujourd’hui.
En 1955, Robert DOISNEAU le prend en photo dans son atelier de la rue Greuze, à Paris. Henri MAHÉ ne s’arrêtera jamais de peindre. Il réalisera les affiches et programmes du Moulin Rouge, des décors de films, et met même au point le Simplifilm, un procédé de truquage cinématographique.
En 1964, il sera le premier lauréat de la Fondation Mikkelsen pour artistes à Copenhague. À Mexico, il décore le night-club en hommage à LAUTREC. En 1969, il publie La Brinquebale avec Céline, un récit de l’amitié entre l’écrivain et Riton la Barbouille, son surnom attribué par Céline.
En 1970, il s’installe à New York avec ses filles. Il y décède en 1975 et est enterré dans le quartier de Greenwich village.